Les Morisques (II)

1609 : L’expulsion des Morisques 

Sous le règne de Philippe III, débute l’expulsion des Morisques en Espagne, principalement dans le royaume de Valence. 

    Les Morisques étaient les descendants des musulmans convertis au christianisme, mais ils étaient souvent suspectés de pratiquer leur ancienne religion en secret. La monarchie espagnole considérait leur présence comme une menace, les accusant d’être complices des ennemis du royaume, notamment les Ottomans et les pirates barbaresques.

Image du village morisque d’Atzuvieta

    Le 4 août 1609, un décret royal ordonne l’expulsion des Morisques, leur donnant trois jours pour quitter leurs foyers et embarquer vers l’Afrique. Seuls quelques enfants très jeunes furent autorisés à rester. Dans la région de la Safor, environ 12 000 personnes embarquèrent entre octobre 1609 et janvier 1610. Certains seigneurs conservèrent des Morisques comme serviteurs. Des résistances eurent lieu dans les vallées de Pop et Laguar, réprimées par la force. L’expulsion provoqua l’abandon de villages entiers et ruina l’économie locale dépendante des Morisques.

    L’expulsion fut une opération massive. Environ 300 000 Morisques furent forcés de quitter leurs terres ancestrales, provoquant une hémorragie démographique importante. Dans le royaume de Valence, un tiers de la population disparut en quelques années. Cette perte causa un effondrement économique sévère, car la main-d’œuvre agricole, artisanale et commerciale venait principalement des communautés morisques.

    Les terres laissées vacantes furent souvent abandonnées ou remises à des colons chrétiens peu expérimentés, ce qui entraîna une baisse considérable de la production agricole et une dégradation des infrastructures. La région entra dans une période de déclin qui affecta profondément sa structure sociale et économique pendant des décennies.

    Bien que l’expulsion ait été ordonnée, certains Morisques résistèrent à quitter leurs terres, peut-être influencés par la rumeur qu’ils ne seraient pas bien accueillis en Afrique. Ils se réfugièrent dans les vallées du Pop et de Laguar, rejoints par des familles venues de la Marina, du Comtat, de la Safor et de la Vall d’Albaida, jusqu’à leur reddition et embarquement forcé à Dénia. Certains Morisques trouvèrent refuge sur la rive sud de la Méditerranée, notamment en Algérie, au Maroc et en Tunisie. Cependant, leur intégration fut difficile, car ils étaient perçus comme des étrangers même dans ces territoires.

    Le décret vida des quartiers et villages entiers, comme Atzuvieta, et causa la perte de main-d’œuvre agricole, précipitant le déclin économique.

    Pour en savoir plus, lisez l’article original en espagnol.