Les Morisques (III) – La Répoblation après l’Expulsion

L’origine de nombreux noms de famille actuels remonte à cette période de réorganisation sociale.

L’expulsion des morisques en 1609 a laissé de nombreuses zones rurales dépeuplées, en particulier dans la région de Valence. 

    Cette situation a entraîné une réorganisation urgente afin de repeupler les terres et relancer l’économie locale, qui dépendait fortement des cultures travaillées auparavant par les morisques.

    Deux types de zones se distinguaient : les terres irriguées proches du littoral, confiées à des chrétiens « vieux » locaux, et les zones montagneuses, plus difficiles à exploiter, qui furent majoritairement peuplées par des repeupleurs venus de l’extérieur du royaume de Valence.


Embarquement des Morisques au port de Dénia, Vicent Mestre, 1612-1613. Collection Bancaja


🛳️ Un processus de repeuplement organisé

    Entre 1610 et 1611, des vagues massives de repeupleurs s’installent dans les villages désertés. C’est à cette époque que sont rédigées la majorité des chartes de population, définissant les droits et devoirs des nouveaux habitants. Une seconde phase (jusqu’en 1630) voit l’arrivée de nouveaux repeupleurs attirés par les premiers installés et les accords avec les seigneurs locaux. Enfin, la population se stabilise entre 1630 et 1640.
📜 L’exemple d’Orba (Alicante)
    La charte de population d’Orba, signée en 1611 devant le représentant du duc de Gandia, énumère les noms de vingt repeupleurs : sept venaient de Murla, treize de Pego. Les obligations étaient précises : paiement de cens, transformation de l’huile dans le moulin du seigneur, achat de produits locaux, et sanctions pour les manquements.


Répartition de la population valencienne en 1609, selon Tulio Halperin Donghi


🛶 Des origines variées, des identités nouvelles
    Le duc de Gandia fut l’un des premiers à organiser activement la réinstallation, notamment avec des migrants des îles Baléares, en particulier de Majorque. Leur influence est encore visible aujourd’hui à travers :

  • la toponymie,

  • les patronymes,

  • les dialectes,

  • et des traits linguistiques comme l’usage de l’article salat.

    Cette migration baléare s’est étendue aux comarques de la Marina Alta, Marina Baixa, l’Alcoià, la Vall d’Albaida et la Safor. D’autres repeupleurs vinrent de Gênes, s’établissant à Miramar, Benipeixcar et Beniopa près de Gandia.

📖 Pour approfondir le sujet, consultez le livre Pieds-Noirs, patronymes de Valence et d'Alicante en France.

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